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Suspendue entre deux rampes de circulation de l'Espace des Inventions à Lausanne, cette installation à mémoire de forme est composée d'un fil qui court sur neuf lignes et neuf poulies portant, sur chaque ligne, une lettre de métal noir. Un interrupteur permet d'y déclencher un courant électrique. Sous son action, le fil se contracte et fait bouger les lettres qui forment alors le mot « mémoire ». Au bout du circuit, dans un tube de verre vertical, le fil se termine par un pavé métallique. En se resserrant, le fil l'élève de deux mètres. En refroidissant, il se détend à nouveau et le pavé redescend. Cette intervention dans l'espace public est à ce jour unique au monde par ses propriétés à mémoire de forme. Mais elle est emblématique de sa recherche de sculpteur du temps, de la mémoire et du mouvement. N'y manque que le son, qu'il convoque souvent par l'entrechoquement des éléments métalliques de ses sculptures entre eux, et dont son gigantesque « Bing Bang » est l'exemple le plus assourdissant, avec ses quatre tonnes et ses mille six cents tubulures de fer et d'acier capables de déclencher le fracas originel de leurs grandes orgues cosmiques. Ici, comme dans l'ensemble de son oeuvre depuis la fin des années 1990, se conjuguent l'archaïque et la technologie, la pesanteur naturelle des matériaux et l'apparente légèreté de leurs ébats, la simplicité des formes, la cocasserie des effets de surprise et la poésie qui s'en dégage.


Fasciné par le métal depuis toujours, Étienne Krähenbühl commence par en explorer les formes et techniques entre ferronnerie, design et expression plastique où il se profile d'abord dans un esprit « classique moderne » mêlant figures stylisées et formes métaphoriques. Au cours des années 1990, il s'oriente vers les formes simples et tranchantes d'une géométrie élémentaire, des volumes épurés et tendus, des matières brutes et marquées par le passage du temps. Et c'est en 1997 qu'il fait la rencontre de Rolf Gotthardt à l'École polytechnique fédérale de Lausanne, spécialiste des alliages à mémoire de forme et des matériaux super-élastiques et supraconducteurs, rencontre qui marque un tournant décisif dans son travail. Pendant seize ans, leur collaboration féconde entraîne le sculpteur sur le terrain de l'expérimentation entre art et sciences. Après la mort du physicien, il noue d'autres compagnonnages tant avec des musiciens percussionnistes ou électroacousticiens qu'avec des chercheurs de l'Université de Genève. C'est grâce à ces derniers qu'il s'ouvre aux vertiges de l'astrophysique, même si c'est avant tout de l'attitude philosophique de ces explorateurs des origines qu'il s'inspire. Naissent alors ses astéroïdes et météorites aux formes minimales mais un rien plus baroques, corps célestes échoués sur notre planète ou fossiles d'un futur antérieur visionnaire. Mais aussi marqué soit-il par les découvertes scientifiques, son travail à lui reste de l'ordre de la métaphore et de la poésie.

Françoise Jaunin, 2017

 

Œuvre réalisée dans le cadre du pourcent culturel de la Ville de Lausanne.

Infos

Künstler:innen
Datum
Art des Kunstwerkes
Public Art
Abmessungen des Objekts
Câbles : ~400 cm (larg.) x 530 cm (long.)
Cylindre : 255 cm (haut.), 50 cm (diam.)
Material

Nickel, titane, plexiglas

Technik
Assemblage
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Karte

Espace des Inventions
Vallée-De-La-Jeunesse, 1
1007 Lausanne
Schweiz

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Institutionen

Titel Land Ort Details
Collection d'art de la Ville de Lausanne
Schweiz
Lausanne